Saison 4 de Buffy, the vampire slayer: leçon 4: être mordu et prendre son pied
Après 3 ans d'intenses activités extra nocturnes, il était temps pour la série de faire ses adieux au lycée et par la même occasion de laisser dans le caniveau son statut de série adolescente.
Adieu lycée et boutons, bonjour fac et raison
En cette 4ème saison, Buffy, Willow, Alex et Oz entrent dans un nouvel espace temps: le monde des adultes. Fini le casier des lycées et la bibliothèque de Giles qui de toute façon ont été pulvérisés, il est temps de se familiariser avec d'autres lieux: les chambres étudiantes, le campus, les amphithéâtres... Comme tout nouvel étudiant qui se doit, les sentiments d'angoisse et d'excitation se mêlent. Une vague de liberté nous envahit de la tête aux pieds. C'est exactement le sentiment éprouvé par Buffy qui pense que maintenant qu'elle a détruit le lycée et qu'elle a empêché une énième Appocalypse va pouvoir souffler un petit bout de temps. Mais elle s'apecevra vite que la fac recèle autant de créatures bizaroïdes que le monde des adolescents, traduction de nouvelles peurs. Si Buffy vit la fac avec beaucoup d'appréhension,Willow, elle, est surexcitée par les cours proposés et s'éclate durant les cours de Maggie Walsh, une professeur accompagnée de son intendant Riley Finn, qui au fond ne sont pas très nets. Le seul à être relégué à Sunnydale est Alex qui avait un niveau largement insuffisant pour intégrer la fac. C'est d'ailleurs bien qu'on le traite de cette manière car les sentiments d'éloignement post lycée peuvent ressortir. De même, la place de Giles est remise en cause. Mis à part cela, Buffy doit apprendre à partager une chambre étudiante avec une véritable imbécile qui n'est autre qu'un démon au final (pas plus facile pour se débarasser d'un personnage). Au final, Buffy et Willow feront chambre commune, ce qui permet évidemment aux deux jeunes filles en pleine évolution de resserrer des liens déjà forts. Alex devra faire fort pour conserver sa place dans le trio. Le monde étudiant se trouve être un monde nouveau où les peurs, les envies et les désirs changent. Mais si le lycée constituait un vrai lieu créant une dynamique particulière des saisons 1 à 3, la fac n'occupera jamais réellement cette centralité.
Nouveaux visages et retours sous formes innatendues
Après les départs d'Angel et Cordelia pour le soleil de Californie, on ne pouvait que s'attendre à voir de nouvelles têtes. En tête d'affiche, Riley Finn qui figurera au générique, ce bel intendant de Maggie Walsh, qui deviendra le nouveau petit ami de Buffy. Malheureusement pour moi, je ne sais si c'est l'acteur, qui à mon avis manque de charisme, ou le personnage qui fait que nous nous attachons peu à lui et qu'il n'arrive absolument pas à combler le vide d'Angel. Si Angel a souvent eu le dessus sur Buffy, Riley lui fait plutôt figure de soumis. Autre tête, Maggie Walsh, professeur à l'université mais qui en réalité travaille pour une section secrète de l'armée afin d'éradiquer les démons, même les plus innofensifs, et créant une machine de guerre incontrôlable en la personne d'Adam, un alliage de plusieurs parties démoniaques récoltées ici et là. C'est surement le seul grand méchant de saison de Buffy qui ne m'a pas convaincu, se soulevant bien au dessus des racines de la série, apportant un peu de science fiction dans le monde fantastique du Scooby gang. Enfin, une jeune étudiante sorcière du nom de Tara va changer à jamais le destin de la petite Willow. Puis des retours: Anya, qui va vite devenir indispensable tant son caractère la marginalise des autres, qui n'est plus démon mais humaine; Spike, le grand méchant de la saison 2 et qu'on a un immense plaisir à retrouver, réapparait sous les traits d'un être affaibli par une puce qu'on lui a implantée dans le cerveau et qui a aussi bien du mal à faire le deuil de sa relation avec Drusilla et qui est même en couple avec une certaine... Harmony Kendall (souvenez vous, la copine chipie et hautaine de Cordelia) qui elle aussi a changé ayant été vampirisée lors de la destruction du lycée. Pusieurs personnages à combiner mais l'idée était de les amener au compte goutte donc ça a été relativement bien fait dans l'ensemble, d'autant qu'Oz partait en début de saison et que ça libérait une place. Le monde de Buffy s'aggrandit sans être totalement bouleversé.
L'amour est tout tout près
Comme chaque année, Buffy renouvelle ses intrigues amoureuses. Pour Buffy, ce sera Riley mais avant cela, elle avait déjà couché avec un garçon qui l'a laissée tomber après avoir fait ses petites affaires. Le souvenir d'Angel qui ressurgit. Riley n'est pas ce gougeat et ce bougre mais subit au fond le maheureux passé amoureux de Buffy qui n'ouvre jamais totalement son coeur, ce qui donnera lieu à des crises, surtout en saison 5. Buffy avait peur de cette relation avec une "personne normale" et de le faire entrer dans son monde dangereux sauf que ce qu'elle ne sait pas tout de suite, c'est que Riley est un soldat entraîné pour combattre les démons, recrue de Maggie Wash. Dès lors, les secrets s'évaporent d'autant que Buffy est quémandée au sein de l'organisation et les deux vont travailler ensemble. Mais en réalité, ils ne seront jamais réellement proches, la barrière sentimentale de Buffy étant trop épaisse et nous sentons que le couple peut vaciller à un moment ou à un autre. Un autre couple, surement celui que je préfère dans la série, réunit Anya et Alex, celui-ci devant composer avec son énorme appétit sexuel, sa franchise sans bornes, sa jalousie dangereuse et son côté dérangé. Mais malgré leurs nombreuses différences et les réticences d'Alex au début, le couple trouve un certain équilibre jovial et pétillant et constitue la fraîcheur même de cette saison 4. Mais là où tout change, c'est dans le coeur de Willow qui va vivre son premier chagrin d'amour et va mettre en exergue sa vulnérabilté après qu'Oz la trompe avec une femme de son espèce (c'est-à-dire une louve garou) et décide de quitter Willow car il peur de la blesser à l'avenir. Situation des plus délicates, Willow se reconstruit de façon innatendue, s'entichant de Tara McLay, une sorcière comme elle. Buffy devient n'est pas la première série à évoquer l'homosexualité mais l'une des premières à placer un de ses personnages centraux en tant que lesbienne et d'autant plus dans une série adolescente même si elle sort de cette ère. Quelques petites critiques néanmoins. Je trouve que la réalisation ne va pas jusqu'au bout de l'idée, l'histoire entre les deux femme étant plus suggérée que légèrement montrée, pas un baiser n'est échangé devant la caméra et aucune scène de sexe n'est dévoilée, contrairement à Buffy ou Alex et Anya. Enfin, petit couple sans grande prétention mais qui amène à des scènes cocasses voire torrides: la relation Spike/ Harmony, celle-ci étant un personnage très intéressant loin de l'hypnothique Drusilla tout de même. Bref, jusqu'à Giles, la saison 4 est véritablement le temps des amours avec des idylles naissantes.
L'expérience, coeur de la saison
Cette saison 4 de Buffy se penche sur un thème particulier: celui de l'expérience. Je parle bien sur de l'expérience scientifique. Tout commence avec le personnage de Spike qui en fait les frais, kidnappé et qu'on relâche dans la nature pour surveiller ses moindres faits et gestes. Spike est victime de la science, devenant innofensif et ne pouvant plus mordre personne. Au passage, c'est aussi une allusion à l'impuissance sexuelle, notamment quand il tente en vain de s'attaquer à Willow, celle-ci le rassurant comme elle peut, une scène humoristique bien ciselée. D'autres démons tombent dans le piège de l'organisation scientifique secrète. L'ultime but de l'expérience vient de Maggie Walsh qui tente en fussionnant plusieurs morceaux de démons donne naissance à Adam, une véritable machine de guerre, conservée dans son laboratoire. Sauf que celui-ci un jour se réveille et qu'il tue même sa créatrice avec qui il éprouvait un lien maternel. Il devient vite incotrolâble et fait office de grand méchant de la saison. A travers ce personnage, les scénaristes nous offrent deux visions: se méfier des machines et l'homme est le créateur de ce qui l'anéantira. Enfin, l'expérience créative est de mise cette saison. Bien que la saison 4 n'est pas en haut de ma liste, l'épisode le plus magistral de Buffy y est inclus: "Un silence de morts", épisode totalement muet où les acteurs, s'ils le devaient encore, nous convainquent de leur talent immense avec une performance à couper le souffle. La musique rend l'atmosphère angoissante quand les monstres sont eux réellement flippants faisant penser à ceux qu'on imagine dans notre enfance. Rien que pour cet épisode, la saison 4 vaut le coup d'être vue.
Bilan: 14/20
Comme ses personnages, l'entrée a la fac a remis en doute la série dans son entier. Au final, le résultat m'a procuré un peu de déception. Tout d'abord parce que la fac n'a pas été assez solidement parcourue contrairement au lycée. Deuxièmement, le nouvel amour de Buffy m'ennuie un peu. Troisièmement, le grand méchant de la saison n'est pas des plus persuasifs. Intégré bien trop tard, refilant de la SF dans une série fantastique, bien moins charismatique que les trois précédents, Adam n'a pas de quoi nous faire trembler. D'ailleurs, vous remarquerez qu'il est anéanti lors du 21ème épisode et non lors du season finale qui ne prend même pas la peine de nous servir un cliffhanger. Ainsi, la série se clot sur elle même. Néanmoins, tout n'est pas raté et cette saison 4 instaure des éléments de longue durée. Les personnages d'Anya et de Spike deviennent indispensables à la série entre le côté timbré et le côté bad boy. Les personnages ne sont définitivement plus des lycéens et on le sent bien tant ils partent dans de nouvelles directions. On peut souligner l'audace des scénaristes d'avoir métamorphosé Willow en lesbienne même si ce qu'on nous montre à l'écran est hésitant. Nous savons qu'elles s'aiment mais la passion n'est pas vraiment mise en lumière. Mais ce qui est certain, c'est que cette saison a fait murir la série et le fruit se cueille sans aucun déplaisir.